dimanche 21 mai 2006

A lire : Claire Palley : "An International Relations Debacle: The Un Secretary-general's Mission Of Good Offices In Cyprus 1999-2004"

A quand la traduction en français du livre de Claire Palley : "An International Relations Debacle: The Un Secretary-general's Mission Of Good Offices In Cyprus 1999-2004", (2005, Hart Publishing, Oxford, UK, and Portland, Oregon, USA. ISBN: 1-84113-578-X. 395 pages) ou dans la langue de Molière : "Une débacle dans les relations internationales : la mission de bons offices à Chypre du Secrétaire-général de l'ONU, 1999-2004."

Ou comment malgré ses moyens et ses experts, l'ONU a pu s'égarer au point de proposer aux Chypriotes grecs un plan aussi éloigné de leurs préoccupations en terme de droits de l'homme et de respect des libertés fondamentales. Quels rouages, quels lobbies, quels intérêts ont oeuvré pour la rédaction du plan de l'ONU, plan modifié à volonté hors négociations pour satisfaire une liste de demandes turque (par qui, comment, à l'initiative de quels pays) et proposé au vote avec les résultats que l'on sait. Comment les communiqués de presse de l'ONU, les déclarations du Secrétaire général, ont reflété un mécaisme destiné à satisfaire, d'abord, la Turquie, jsuqu'alors partie la plus inflexible, et une fois cet objectif atteint, faire plier les Chypriotes grecs, la partie qui disposait du moins grand nombre d'alliés et d'appuis politiques. Le schéma inverse de celui qui aurait du conduire à un plan respectueux des résolutions de l'ONU et des droits fondamentaux. Satisfaire la partie la plus forte et faire plier la plus faible. On est loin de l'image habituellement distillée par l'ONU.

L'objectif fut atteint : entre la présentation du plan final par l'ONU et le référendum, le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan déclarait dans une conférence de presse en Suisse, que le plan reflétait presque l'intégralité des positions turques.

Face au traitement superficiel que les médias ont fait du plan de l'ONU, sans jamais en proposer à leurs lecteurs une analyse approfondie (c'est qu'il faut lire les 184 pages voire les milliers de pages d'annexes du plan), il est absolument indispensable que les analystes de la queston chypriote tentent, enfin, d'écouter ce que les Chypriotes grecs ont à dire et de se pencher sur les écrits des partisans du "non".

Claire Palley est conseiller du gouvernement chypriote en droit constitutionnel depuis 1980. Elle exprime un point de vue partisan... mais pas plus partisan que celui des différents gouvernements qui ont critiqué les Chypriotes grecs pour le rejet du plan. Pas plus partisan, par exemple, que le point de vue du Royaume-Uni, ancienne puissance coloniale à Chypre, qui y maintient de grandes bases militaires sans payer à la République de Chypre le loyer prévu par les accords d'indépendance. Pas plus partisan que celui des Etats-Unis, soucieux de ne pas froisser la Turquie sur la question chypriote, faisant fi de ce que la région aurait à gagner en terme de stabilité si la Turquie cessait de voir Chypre comme une zone d'influence ou une annexe de son territoire; faisant fi, bien sûr, de toutes les similarités que présentent le mode de vie et les valeurs chypriotes modernes et les valeurs affichées par l'Amérique. Pas plus partisan, bien sûr, que la point de vue de la Turquie.

Pour Claire Palley, le plan Annan de soi-disant "réunification" de Chypre était un fiasco : "le secrétariat [général de l'ONU] a cherché à tromper la communauté internationale par les rapports et les briefings du sécrétaire général qu'il a préparés, afin de mettre la pression sur un petit état [Chypre] afin que celui-ci accepte les conséquences de l'agression par un grand état voisin allié à deux membres permanents du du Conseil de sécurité" (allusion aux parties du Plan de l'ONU qui maintiennent les conséquences de l'épuration ethnique en terme de restitution des propriétés et de quotas de résidence en fonction de l'appartenance ethnique).

Pour l'avenir, ce qui préoccupe Claire Palley, c'est que le plan Annan continue d'être présenté comme une base de règlement, et la façon par laquelle la "République turque du nord de Chypre", entité séparatiste, fruit d'une épuration ethnique, d'une colonisation de peuplement et d'une occupation militaire, dont 80% du territoire appartient à des Chypriotes grecs spoliés, est regardée avec complaisance depuis le rejet du plan.

Pour Claire Palley, "une opprtunité importante de parvenir à une solution acceptée a été perdue en conséquence de l'attitude du Secrétaire général" la position habituelle de l'ONU d'équilibrer les intérêts des Chyriotes grecs et des Chypriotes turcs ayant été "abandonnée pour poursuivre des objectif autres."

Elle ajoute que cet échec ne concerne pas seulement Chypre "l'attitude du secrétaire général de l'ONU et de certain smembres permaments du Conseil de sécurtié devait inquiéter les personnes préoccupées par les question de résolution des conflits", au risque de répéter les mêmes erreurs.

Un ouvrage unanimement reconnu comme argumenté et documenté... par ceux qui l'ont lu.

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