samedi 9 novembre 2013

Opérations sous faux drapeau : autres révélations


Merci à l'internaute qui nous a communiqué cette information.


Nous avons déjà évoqué un exemple d'opération sous faux drapeau reconnue par Rauf Denktash (http://actuchypre.blogspot.fr/2011/11/comment-mener-une-operation-sous-faux.html).

Autre révélation : en 2010, interrogé pour tout autre chose par la média turc Haberler, le général à la retraite Sabri Yirmibesoglu, de l'armée turque, avait laissé échapper  que le bureau des opérations spéciales de l'armée turque avait pu être amené à mener certaines opérations à Chypre pour "renforcer la résistance du peuple", comme par exemple "incendier une mosquée." (article du 23 septembre 2010 : http://www.haberturk.com/gundem/haber/554417-kibrista-cami-bile-yaktik)

Il est important de rappeler que dans les années 50 (1958-1960) et 60 (1963-1967), toutes les opérations de guérilla de la TMT* ont débuté ou ont été alimentés par des incidents de ce type (incendies, escarmouches, incidents isolés) attribués par les Turcs à des Chypriotes grecs pour justifier une soi-disant  "réaction défensive."

En 1963 ce sera des coups de feu échangés dans un quartier de Nicosie; en 1967, la réaction des forces du gouvernement chypriote à un barrage mis en place par la TMT sur une route essentielle, chaque incident entraînant à chaque fois le cycle infernal de la guérilla/contre-guérilla. 



*TMT: organisation séparatiste, favorable à la partition ethnique de Chypre, créée en 1958 par des officiers de l'armée turque, et équipée par l'armée turque. Principalement composée de Chypriotes turcs, elle ne cessera entre 1958 et 1974 (et notamment en 1958, 1963, 1964 et 1967) d'étendre les zones sous son contrôle, et d'en chasser les Chypriotes grecs. Elle sera combattue par le gouvernement chypriote lors d'opérations de contre-guérilla ciblées autour des zones contrôlées par la TMT.

mercredi 27 mars 2013

Economie : la Turquie veut donner le coup de grâce


La Turquie vient de signifier qu'elle cessait toute coopération avec la société italienne ENI pour le pipeline Samsun-Ceyhan.

Le motif : il est reproché à la société italienne de vouloir coopérer avec Chypre pour l'exploitation des hydrocarbures chypriotes.

Il s'agit d'asphyxier Nicosie.

Source : http://en.trend.az/capital/energy/2132639.html

La Turquie espère ainsi forcer Chypre à accepter les conditions d'Ankara, qui souhaite que le gaz chypriote passe exclusivement par la Turquie. Ce qui rendrait les Chypriotes totalement dépendants du robinet turc.

En ces temps difficiles pour l'économie chypriote, il est de temps de voir si l'Union européenne donnera à Chypre son appui diplomatique et politique, ou pas...

Les créanciers de Chypre auraient tout intéret à aider ce pays à exploiter ses hydrocarbures.

Le choix est simple : permettre aux Chypriotes de subvenir à leurs propres besoins via l'exploitation de ces richesses, ou rendre Chypre dépendante d'une aide européenne permanente suite aux coups portés à son économie...

Les pays de l'Union pourront-ils se plaindre d'aider Chypre financièrement pour les décennies à venir, alors qu'un appui politique et diplomatique très ferme aiderait Nicosie à se redresser?

Le ministre turc des affaires européennes, a ironiquement déclaré que  Chypre pourrait faire de la lire turque sa monnaie. Ce qui après tout, est une façon comme une autre de révéler les projets d'Ankara pour les Chypriotes grecs : en faire un satellite de la Turquie, sous son emprise militaire, politique et économique (Source :  http://www.hurriyetdailynews.com/turkey-favorable-if-greek-cyprus-wishes-to-switch-to-turkish-lira-eu-minister.aspx?PageID=238&NID=43503&NewsCatID=344 ).

Pendant ce temps, la société turque TPAO effectue des recherches d'hydrocarbures  dans la partie nord de Chypre, occupée par l'armée turque, en toute illégalité, sans l'assentiment du gouvernement chypriote (source : http://www.todayszaman.com/news-278643-.html).

Le prétexte

L'un des prétextes évoqués par la Turquie pour bloquer ces recherches, est qu'elles devraient "profiter aux Chypriotes turcs."

Un raisonnement qui ne tient pas :

- D'une part, la majorité des habitants de la zone occupée par l'armée turque ne sont pas des Chypriotes turcs, mais des colons de Turquie installés par Ankara à Chypre depuis 1975;

- D'autre part, si les leaders turcophiles de la zone occupée souhaitent profiter des richesses de la République de Chypre, il leur appartient d'en reconnaître l'existence.

Eux et la Turquie ne  reconnaissent même pas la République de Chypre, qu'ils qualifient "d'administration chypriote grecque," et refusent son nom constitutionnel. 

Or, depuis les projets de partition ethnique turcs et britanniques des années 1955 et suivantes, les séparatistes pro-turcs oeuvrent pour détacher la communauté minoritaire chypriote turque, de la majorité chypriote grecque. En 1960, lorsque l'indépendance de Chypre sera proclamée, ils maintiendront tout de même la milice séparatiste TMT, un mouvement de guérilla armé et encadré par des officiers turcs, qui constituera alors la force armée la mieux organisée et la plus puissante de l'île, mettant en coupe réglée des régions entières, en rébellion armée contre le gouvernement central de l'île de 1963 à 1974.

Rappelons qu'en 1963, les leaders séparatistes turcophiles se retiraient du Parlement chypriote pour ne plus y revenir. L'ONU qualifiera cette politique de "self-isolation  policy" (politique d'auto-isolation  : document ONU S/6426 paragraphe 106).

Ces mêmes forces oeuvrent aujourd'hui pour la légalisation de la partition ethnique.

Cette politique d'auto-isolation, de victimisation et de provocation, largement tournée vers les puissances étrangères à des fins de propagande, est donc une constante de la stratégie turque. Elle est extrêmement efficace, tant il est aisé de faire passer la majorité pour la partie égoïste "oppressant" la minorité.

Il ne faut pourtant pas manquer d'audace pour se plaindre de ne pas "profiter" des ressources d'un état qu'on ne reconnaît pas, et que l'on combat par les armes depuis 50 ans.

Une fois de plus c'est l'inversion des rôles qui prévaut. 

jeudi 8 mars 2012

Le ministre turc des Affaires européennes n'exlut pas l'annexion du nord de Chypre

Selon Reuters, ici repris par 20minutes :


"Dans une interview accordée à Londres au journal chypriote turc Kibris, Egemen Bagis souligne que son pays soutiendra tout accord conclu entre les deux parties mais qu'en cas de désaccord sur une réunification, d'autres scénarios sont possibles. Il évoque ainsi «une réunification après accord entre les deux dirigeants (chypriotes), la création de deux Etats indépendants après arrangement entre ces deux dirigeants si aucun accord n'est trouvé sur la réunification, ou alors l'annexion de la RTCN par la Turquie»."

"De nombreux Chypriotes turcs sont hostiles à l'annexion. Ozkan Yorganciogly, numéro un du CTP, principal parti d'opposition dans le nord de l'île, a déclaré à la chaîne de télévision turque NTV que cette idée était «inacceptable»."

vendredi 17 février 2012

Rapprochement Chypre-Israël

"Maintenant, selon un officiel diplomate, Chypre est vue comme un important partenaire régional pour Israel, et avec la Grèce, la Roumanie et la Bulgarie, est considérée comme faisant partie d'une alliance régionale servant à contrebalancer la Turquie. (...)
Jérusalem voit Chypre - géographiquement le pays européens le plus proche d'Israël - comme un pont possible vers l'Europe, spécialement en ce qui concerne les questions énergétiques."
( source : Jerusalem Post http://www.jpost.com/DiplomacyAndPolitics/Article.aspx?id=257912).

Les historiens y verront un rappel des alliances balkaniques du début du 20e siècle face à l'Empire ottoman. Les règles de la géopolitique ne changent pas, et la montée en puissance de la Turquie, la rendra toujours plus indépendante des Etats-Unis et toujours moins complexée à jouer un rôle important dans le monde turcophone et le monde musulman.

Néanmoins officiellement il n'y a toujours pas d'accord militaire, ( http://www.jpost.com/DiplomacyAndPolitics/Article.aspx?id=258126http://www.jpost.com/DiplomacyAndPolitics/Article.aspx?id=258126 ).

Selon la presse turque, la Turquie a menacé les compagnies qui travailleraient  en coopération  avec le gouvernement chypriote, qu'elle ne reconnaît pas, dans le cadre des recherches et de l'exploitation du gaz découvert dans la zone économique chypriote également non reconnue par Ankara (Source Hurriyet :  http://www.hurriyetdailynews.com/turkey-warns-greek-cyprus-on-oil-drilling-ahead-of-israeli-pm-visit--.aspx?pageID=238&nID=13894&NewsCatID=338 )

En ce mois de Janvier 2012 le ministre de la défense chypriote Iliadis et son homologue israélien Ehud Barak ont également signé deux accords de coopération, l'un dans le domaine de la défense, l'autre sur les échanges d'informations classifiées. Mais il s'agit d'accord classiques comme Israël en a signé avec d'autres pays.

Des exercices ont eu lieu : des hélicoptères israéliens Black Hawk s'étaient rendus à Chypre en décembre 2011 pour des exercices de type "touch and go" ( http://www.cyprus-mail.com/israel/israeli-fighter-helicopters-conduct-exercises/20111215http://www.cyprus-mail.com/israel/israeli-fighter-helicopters-conduct-exercises/20111215 ).

En octobre 2011, 6 hélicoptères israéliens AH-64 Apache s'étaient entraînés dans la région de Larnaca, à Chypre.

Israël a également proposé à Chypre la vente de patrouilleurs pour protéger sa zone économique exclusive.

samedi 7 janvier 2012

Manifestations contre les bases britanniques à Chypre

Quatorze personnes dont dix manifestants de la "Plate-forme anti-coloniale nationale" (National Anti-Colonial Platform) et un caméraman ont été blessés le lundi 2 janvier 2012 à Chypre.

Le texte de la banderole: "Le rire de nos enfants sera notre vengeance. Les Anglais dehors."



Les forces de l'ordre britanniques des "SBA" (Sovereign Base Areas) ont ainsi réprimé une manifestation de Chypriotes grecs contre la présence des bases militaires britanniques.

Vestige de l'ère coloniale, ces bases sont d'autant plus contestées que le Royaume-Uni ne paie plus le loyer correspondant à la République de Chypre, et ce depuis plusieurs décennies.

Les dirigeants chypriotes ont condamné la violence subie par les manifestants, mais ont souligné que la remise en cause des bases n’était pas encore à l’ordre du jour (les dirigeants chypriotes craignent d’ouvrir un second front avec le Royaume-Uni, et de subir ainsi davantage de pressions sur la question de l’occupation turque du nord).

Une source en anglais sur ces incidents, pour nos lecteurs qui ne lisent pas le grec : http://www.cyprus-mail.com/sba/bases-violence-condemned/20120104 .

Un article intéressant au sujet  des bases, en français par le site OPEX360: 

 "

Les bases britanniques contestées à Chypre

4 janvier 2012 – 12:52





Et pour ceux qui lisent le grec, un lien plus polémique contestant la "pusillanimité" supposée des politiques chypriotes :

dimanche 27 novembre 2011

Manuel du parfait séparatiste : comment mener une opération sous faux drapeau?

"Plus tard, un ami à moi dont le nom sera toujours gardé secret, m'avoua que c'était lui qui avait posé cette petite bombe devant cette porte, pour créer une atmosphère de tension afin que les gens sachent que les Chypriotes turcs comptaient."

Un peu d'histoire.

1958 : Chypre n'est pas encore indépendante; elle est peuplée majoritairement de Grecs (80%) sur tout le territoire. Les Chypriotes grecs de l'EOKA combattent les forces britanniques par des attentats. Réponse classique de la part des forces de sa très gracieuse majesté, comme dans tout conflit colonial ou d'occupation : répression, torture et camps d'internement (comme le "camp K", à Kokkinitrimithia, ci-dessous).


Les Britanniques créent une police spéciale composée de Chypriotes turcs pour lutter contre les manifestations favorables à l'EOKA. Diviser pour régner, là-aussi c'est une stratégie classique.

Le 7 juin 1958 une bombe explose devant la porte du bureau d'information du Consulat turc à Nicosie. Immédiatement l'EOKA est montrée du doigt, et accusée de vouloir aussi s'en prendre aux civils chypriotes turcs.

La foule turque s'en prend alors aux Grecs du quartier turc de Nicosie (violences, pillages, ailleurs on appelle cela un pogrom mais à Chypre on n'écrit pas l'histoire comme ailleurs) et les oblige à se déplacer vers les quartiers grecs. S'en suivront de graves violences entre les deux communautés, les premières depuis le soulèvement grec de l'EOKA, qui n'avait touché que les Britanniques et leurs collaborateurs.

En cliquant sur ce lien vous serez redirigé vers un extrait du documentaire britannique "Britain's Grim Legacy", produit pas la chaîne ITV en 1984.

Où Rauf Denktash, leader chypriote turc, reconnaît que c'est un de ses amis qui a posé la bombe...

Ce genre de détails est rarement repris par les copier-coller de sites de propagande qui fleurissent sur Internet ou les brochures de propagande distribuées dans les hôtels de la zone occupée.


"Plus tard, un ami à moi dont le nom sera toujours gardé secret, m'avoua que c'était lui qui avait posé cette petite bombe devant cette porte, pour créer une atmosphère de tension afin que les gens sachent que les Chypriotes turcs comptaient."

Le 12 juin 1958, 35 ouvriers Chypriotes grecs seront lâchés dans le village chypriote turc de Kioneli (la chercheuse chypriote grecque Fanoula Argyrou, affirme que cela se fit avec la complicité des Britanniques); huit seront tués par une foule de 200 personnes menée par les unités spéciales turques qui constitueront ensuite la TMT (organisation paramilitaire séparatiste armée et entraînée par des officiers turcs). De nombreux autres seront gravement blessés.

Certaines images des victimes, diffusées par la presse, comme celle-ci, diffusée par le journal communiste Charavghi, creuseront davantage le fossé.


Naturellement le Royaume-Uni et la Turquie présenteront alors le conflit chypriote, non pas comme un conflit colonial ou d'occupation, mais comme un conflit entre Chypriotes grecs et Chypriotes turcs. Un simple conflit communautaire soi-disant déclenché par des violences de l'EOKA contre des Chypriotes turcs, et justifiant que la Turquie intervienne à la table des négociations, et que le Royaume-Uni se présente comme force d'interposition...

C'est une des raisons pour laquelle Chypre ne put obtenir une vraie indépendance (à défaut de l'union à la Grèce souhaitée par la majorité), mais une indépendance assortie de "puissances garantes", dont la Turquie et le Royaume-Uni, de "quotas" inapplicables que l'on pourrait qualifier de "discrimination positive renforcée" (puissance 10) avant l'heure, d'un droit de veto du vice-président (qui devait obligatoirement être chypriote turc) sur toutes les décisions, et autres curiosités juridiques qui font de sa constitution de 1960 un modèle aberrant.

Après l'indépendance de 1960, la TMT se maintiendra intacte et fera de nouveau parler d'elle en 1963-1964, en luttant ouvertement contre les forces gouvernementales. Là aussi la mèche sera allumée d'une curieuse façon. Mais nous en reparlerons.

Inutile de dire, évidemment, que c'est toujours le vainqueur qui écrit l'histoire (sauf peut-être, quand le conflit perd de son actualité, ou qu'il n'a plus rien à revendiquer ou à défendre). A Chypre plus qu'ailleurs, puisque les Chypriotes sont totalement incapables de faire connaître leur version des faits dans ce domaine.

C'est la version turque qui domine dans les média, sur Internet, et dans un certain nombre de publications, au moins pour toute la période antérieure à l'invasion de 1974. Elle est devenue la doxa et personne ne s'en rend plus compte.

Alors de temps en temps, autant rappeler tout ce que le vaincu pourrait, lui aussi, faire valoir, même si cela ne sert pas à grand chose.

mercredi 23 novembre 2011

Pour le président turc, Chypre est un demi-pays qui présidera une « Union misérable. »

















En cette fin de mois de novembre 2011, le Président Abdullah Gül a été reçu en grandes pompes par la Reine d'Angleterre et le premier ministre britannique.

Concernant le fait que Chypre prendra la présidence tournante de l'Union européenne en juillet 2012, le Président turc a parlé d'un « demi-pays » qui dirigerait « une union misérable »:

"Ce demi-pays, ce pays incomplet prendra la présidence de l'union européenne ». « Ce sera une demi-présidence conduisant à une union misérable. C'est exactement l'expression que j'ai utilisée en parlant avec les leaders de l'Union européenne." ("Now this half a country, this incomplete country will take over the EU presidency," Gul was quoted as saying by Aksam newspaper. "There will be a half-presidency leading a miserable union. That is exactly the expression I said to EU leaders.")

Ce mépris peu dissimulé du Président turc pour la République de Chypre n'a rien d'étonnant : la Turquie ne reconnaît pas la République de Chypre.

Plus étonnant, le silence de la presse européenne, et française notamment...



Source : Reuters via Jerusalem Post, presse turque

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jeudi 17 novembre 2011

100.000 Chypriotes turcs ont demandé le passeport de la République de Chypre













Selon un article du journal turc Milliyet du 6 octobre 2011, 100.000 Chypriotes turcs auraient demandé un passeport chypriote aux autorités de la République de Chypre, à ce jour.

C'est tout à fait remarquable si l'on songe aux efforts menés par la Turquie et par la "RTCN", l'entité séparatiste du nord, reconnue par la seule Turquie, pour empêcher les Chypriotes turcs de "ré-adhérer" à la République de Chypre après plus de 50 ans de politique séparatiste, couronnée de "succès" en 1974...

De façon incontestable, c'est l'appartenance de Chypre à l'Union européenne qui à l'origine de ce mouvement; et le fait que les Chypriotes turcs vivant en zone occupée, se déplacent de plus en plus dans la zone toujours contrôlée par le gouvernement chypriote, pour profiter des hôpitaux, du marché du travail, etc.

Et pourtant...

A l'heure où nous écrivons, les négociations se poursuivent sous l'égide de l'ONU entre:
- d'une part, le président de la République de Chypre, honteusement réduit au rang de représentant de la communauté chypriote grecque alors que 100.000 Chypriotes turcs ont fait acte de re-adhésion à la République de Chypre après des décennies de séparatisme;
- et d'autre part un "président" d'une "république" créée par la Turquie au nord, peuplée majoritairement de Turcs de Turquie, un "président" que l'on continue pourtant à présenter comme celui des Chypriotes turcs. Ce qui n'a plus aucun sens compte tenu de l'évolution démographique du nord.

Du point de vue des représentations politiques, l'ONU a décidé de figer le temps...

Dans ce blog, nous avons rappelé à plusieurs reprises que juridiquement, la République de Chypre était le seul état habilité à représenter les Chypriotes dans leur ensemble.


Maintenant, rêvons un peu.

A notre sens l'entrée dans l'Union européenne, et le fait que le nord de Chypre est majoritairement peuplé de colons venus d'Anatolie depuis 1974, justifieraient de revoir totalement la donne, de revoir totalement les bases d'une solution politique à Chypre: grâce à une forte implication de l'union européenne, l'on pourrait envisager une résolution du conflit basée sur la seule entité juridiquement existante (la République de Chypre) plutôt que sur un séparatisme déguisé en "confédération" type "Plan ANNAN" (voir notre article sur le plan ANNAN).

Ce mouvement des Chypriotes turcs vers la République de Chypre ne fait que confirmer que cette possibilité existe, pour peu que l'Union européenne mette la pression en ce sens.

L'Union européenne pourrait jouer un rôle moteur en proposant d'abord d'administrer certaines zones, puis la totalité du nord. Les Chypriotes grecs pourraient reprendre possession de leurs propriétés au nord, le tout sous l'égide de l'Union européenne; celle-ci pourrait oeuvrer en ce sens pendant une très longue période transitoire, voire de façon permanente, tout en respectant le fait que juridiquement c'est tout le territoire chypriote qui relève normalement de la République de Chypre.

Il pourrait être possible de commencer par la ville inhabitée de Famagouste, où ne se pose pas la question de la colonisation turque (la ville est déserte depuis 1974). Point d'obstacle "technique" au retour des réfugiés chypriotes grecs, grâce à cette particularité. Et même sans envisager un règlement total du conflit par ce biais, il n'existe aucun obstacle "technique" à ce qu'au moins la question de Famagouste soit réglée. A ce que l'Union européenne gère cette ville pour permettre le retour des réfugiés et la rendre au contrôle de la République de Chypre. Aucun, sinon l'absence totale de volonté politique de l'union européenne.


Douces rêveries aujourd'hui, tous les acteurs du conflit, y compris l'ONU, en étant restés à des conceptions totalement dépassées par les événements.





Voir quelques-uns de nos articles à ce sujet :
Sur l'inaction de la présidence hollandaise de l'union au sujet de Famagouste en 2005:
http://actuchypre.blogspot.com/2005_12_01_archive.html
Sur les questions similaires :
http://actuchypre.blogspot.com/2005/12/citoyennet-chypriote-des-enfants-de.html
http://actuchypre.blogspot.com/2006/12/quand-la-turquie-fait-de-la-com-en.html


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Crise des hydrocarbures, crise du gaz: la Grèce, affaiblie, apporte son soutien à Chypre















Le nouveau ministre de la défense grec, Dimitris Avramopoulos, a tenu à effectuer son premier voyage à Chypre, dans une période troublée par la crise des hydrocarbures qui a éclaté entre Nicosie et Ankara. Il a réaffirmé, le 17 novembre 2011, que la Grèce était garante de l'indépendance de Chypre.

Chypre et la Grèce espèrent beaucoup de l'exploitation de leur sous-sol marin, et se sont rapprochées de Jérusalem dans l'espoir de former un axe géopolitique nouveau.

Toujours à propos des hydrocarbures, et cette fois en Grèce, la presse s'est faite l'écho des discussions ayant eu lieu au Parlement entre le nouveau vice-ministre de l'environnement Yiannis Maniatis et le député Panos Panayiotopoulos le 16 novembre 2011. Selon ce député de la Nouvelle Démocratie (droite), les premières informations sur les recherches d'hydrocarbures au Sud de la Crète feraient état de gisements encore plus importants que ceux découverts dans le champ chypriote "Aphrodite" (n°12). Et ce d'autant plus que les recherches de la compagnie Noble Energy auraient révélé que le gisement chypriote n'est pas exploitable dans sa totalité.

Mer ionienne, sud de la Crète... Il est manifeste que pour l'instant, la Grèce évite les recherches en mer Egée et à l'Est de la Crète et que la politique turque à cet égard est donc payante. Mais les Grecs pourraient évoluer : "nécéssité fait loi", et ces ressources éventuelles seront de plus en plus indispensables à la Grèce. On voit en tout cas où la politique de "rapprochement" (en réalité, de reculades) a mené la Grèce : à ne pas tenter d'exploiter ses rares ressources naturelles.

L'exploitation des hydrocarbures a même été évoquée par le nouveau premier ministre grec Loukas Papadimos lors de son premier discours en cette qualité au parlement grec.

L'intérêt des grandes entreprises pétrolières et des grandes puissances pour la Méditerranée orientale risque en tout cas d'aller grandissant...

C'est une véritable partie d'échecs qui se dessine. De son côté, la Shell (anglo-hollandaise) se serait rapprochée du gouvernement turc.

Le 16 novembre 2011, deux appareils de reconnaissance turcs RF-4E survolaient l'île grecque de Kastellorizo à seulement 300 mètres d'altitude, afin de photographier l'aéroport. L'armée de l'air turque a envoyé là un message symbolique fort, puisqu'il n'y avait aucune nécessité technique, pour elle, à s'approcher aussi bas, même avec des appareils de reconnaissance... La Turquie ne plaisante pas avec ce qu'elle considère comme son intérêt national.






Source : presse grecque
Entre autres :
http://www.dimokratiki.gr/article.asp?articleID=13399&catID=18&pubID=1
http://www.naftemporiki.gr/video/video.asp?id=44489&s=0
http://www.naftemporiki.gr/news/cstory.asp?id=2093364 (photo)
http://www.neakriti.gr/?page=newsdetail&DocID=867069&srv=86


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lundi 3 octobre 2011

Les zones économiques exclusives (ZEE) de la Grèce et de Chypre




En bleu celle de Chypre, juste à sa gauche celle de la Grèce selon le droit international, immense qui couvre l'essentiel de la partie orientale du bassin méditerranéen.

Sur cette carte la Turquie apparaît, en tout cas en Egée et en Méditerranée, comme une puissance essentiellement continentale malgré l'étendue de ses cotes (la Turquie compense largement cela avec une ZEE occupant la moitié de la mer noire).

La mer apparaît comme une ressource vitale pour les territoires naturellement pauvres, arides et peu étendus de la Grèce et de Chypre.

Le conflit gréco-turc apparaît aujourd'hui comme le miroir de la lutte récurrente des puissances continentales organisées en bloc, contre les puissances maritimes organisées en réseau.


Les petites îles et ilots sont d'une très grande importance, contrairement à ce que laissent parfois suggérer les analyses superficielles de certains pseudo-spécialistes qui ne comprennent pas pourquoi Grèce et Turquie semblent si attachées à quelques îles à chèvres (voir par exemple notre billet précédent et l'activité autour des ilots voisins de Samothrace http://actuchypre.blogspot.com/2011/09/hausse-des-tensions-dans-le-ciel-de-la.html)...

Ainsi la petite île grecque de Kastelorizo située à 200km à l'Est de Rhodes et à 1 km de la Turquie permet à la Grèce de doubler sa zone économique exclusive dans la partie située à l'Est de la Crète et permettrait à la zone économique exclusive grecque de rejoindre celle de Chypre.

Il faut noter cependant qu'à l'inverse de Chypre qui fixa sa zone économique exclusive sous l'impulsion de feu le Président Papadopoulos, les gouvernements grecs n'ont pas encore osé fixer par loi ou décret la zone économique exclusive de la Grèce par peur des réactions turques, de même qu'ils n'ont pas osé décréter officiellement l'étendue des eaux maritimes grecques à 12 miles nautiques comme cela serait son droit (et à mi-chemin lorsque cela n'est pas possible). Pourtant le droit international permettrait à la Grèce de le faire sans aucun doute possible. Force est de constater que cette attitude effrayée encourage la Turquie plutôt qu'elle ne la décourage et que les hommes politiques grecs contemporains sont de peu d'envergure comparés à leurs homologues turcs.

A ce propos Erdogan a réaffirmé, le 27 septembre 2011 lors de l'inauguration de la corvette furtive Heybeliada (programme Milgem, de fabrication turque), les ambitions turques en matière maritime indiquant que les intérêts turcs s'étendaient jusqu'à l'Océan indien et plaidant pour une autarcie turque en matière de production d'armement militaire (http://www.aksam.com.tr/dunyada-10-ulke-arasina-girdik--69815h.html).

Au cours de ce même discours il a glorifié la victoire ottomane de Prévéza contre... la flotte hispano-vétinienne de la Sainte-Ligue. Un message aux occidentaux?



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