samedi 17 décembre 2005

Grèce-Turquie-Chypre : espoir année zéro

article du 11 octobre 2005 (sur l'ancien blog http://chypre.blog.lemonde.fr/chypre/)

En Grèce et à Chypre, nombreux sont ceux que ronge le scepticisme sur l'ouverture des négociations d'adhésion à l'UE avec la Turquie; les violations de l'espace aérien grec par une trentaine d'appareils turcs armés équipés d'engins de reconnaissance le 3 octobre 2005, le jour même où la Grèce disait oui à la Turquie, fait pour l'instant mentir les plus optimistes. Elle conforte les plus pessimistes qui pensent que la Turquie voudra une Europe à la carte et qu'elle usera de son nouveau poids politique pour faire triompher ses thèses au lieu de mettre un terme une fois pour toutes aux agissements de ce type (sur Chypre, sur la négation de la souveraineté grecque sur cetaines îles).

Mais les faits sont là : la Grèce et Chypre ont ouvert les bras à la Turquie.

C'est la première fois dans l'histoire qu'un pays en partie occupé (Chypre) accepte dans une organisation internationale dont il fait partie, un pays qui l'occupe en partie et qui ne le reconnaît pas. Papadopoulos, le président d'un peuple composé de 2/5èmes de personnes déplacées par l'invasion turque, a dit OUI à la Turquie.

C'est un fait.

On pourra argumenter autant que l'on veut, le fait est là.

Maintenant, imaginons que la Turquie prenne la mesure de ce qui signifient l'acquis communautaire et les valeurs européennes. En matière de droit de propriété, de liberté de résidence, de démocratie.

Imaginons qu'elle restitue aux réfugiés chypriotes grecs leurs terres au nord de chypre, qu'elle rembarque ses colons (l'UE pourrait financer ce retour, cela lui couterait bien moins cher que d'autres projets technocratiques et l'on pourra ménager les cas particuliers, déjà la République de Cypre accorde la citoyenneté chypriote aux enfants de couples mi-chypriotes turcs mi-anatoliens). Que des troupes européennes soient envoyées pour rassurer tout le monde. Que les citoyens chypriotes, grecs ET turcs aient les mêmes droits que les autres citoyens européens.

Imaginons que la Turquie laisse respirer le Patriarcat de Constantinople, qu'elle cesse ses revendications en mer Egée.

Ne se trouve-t-il pas un dirigeant en Turquie assez courageux pour mener à bien un nettoyage
de ce type?

Comment les Turcs pourront-ils maintenir la même politique vis à vis de la Grèce et de Chypre qui lui ont dit "OUI", qui ont parié sur l'avenir, sur l'espoir, sur l'intelligence du peuple turc?

L'histoire ne commande-t-elle pas de tenir compte de ce OUI historique? Les Turcs se rendent-ils compte que les Grecs leur offrent l'Europe pour la paix?

Désormais, l'heure n'est plus aux sourires et aux poignées de mains.

L'heure, pour la Turquie, est aux actes.

Quand l'heure était aux actes pour la Grèce et Chypre elles étaient là; elles ont dit OUI. Elles avaient le pouvoir de provoquer une crise, de mettre le veto, elles ne l'ont pas fait.

Je suis sur qu'il existe des Turcs pour comprendre le sens, limpide, de ce geste.

J'en suis même sur et certain.

Maintenant, j'attends. J'attends le renvoi de l'ascenseur. S'il vient j'en prendrai acte. S'il ne vient pas cela voudra dire que les Cassandre avaient raison et que la Turquie n'a pas changé.

Je veux croire qu'elle a changé; pour dire son "OUI", la Grèce et Chypre ont fait un gros travail sur elles-mêmes. Elles ont ravalé tout ressentiment.

A la Turquie de montrer qu'elle est aussi capable de remettre en cause ses manuels d'histoire et des décennies de pensée unique.

J'attends et j'espère. Mais l'heure tourne.

Les grand-pères meurent sans avoir pu revivre sur leur terre. Si les pères meurent aussi sans retourner chez eux en propriétaires qu'ils sont, on saura quoi penser de sourires et des poignées de mains.

retour au blog Actu Chypre, l'actualité du conflit de Chypre : http://actuchypre.blogspot.com/

1 commentaire:

Anonyme a dit…

tres intiresno, merci