samedi 17 décembre 2005

Chypre, victime du néo-colonialisme? Article de Silvio MARCUS HELMONS paru dans La libre Belgique

Article paru dans "La libre Belgique" sélectionné par Kentepozidis :

Chypre, victime du néo-colonialisme?

Silvio MARCUS HELMONS

Mis en ligne le 21/10/2005

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Les règles élémentaires de la souveraineté et de la démocratie y sont bafouées par le Plan de Kofi Annan. Grèce, Turquie et Royaume-Uni, au titre de puissantes garantes, s'y réservent un droit d'intervention.

Par Silvio MARCUS HELMONS

Membre du groupe d'experts chargé d'analyser le plan de compromis pour la réunification de Chypre

Professeur émérite de l'Université catholique de Louvain

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La récente déclaration turque refusant de reconnaître la République de Chypre a dirigé une nouvelle fois les projecteurs de l'actualité sur le drame que cette île de la Méditerranée vit depuis une trentaine d'années.

En effet, en réponse à une tentative de coup d'Etat (heureusement avortée) de certains colonels grecs, la Turquie a envahi Chypre en 1974. Les combats furent brefs mais violents. Des milliers de personnes ont fui leurs maisons: les Chypriotes grecs du Nord se précipitant vers le Sud et des Chypriotes turcs émigrant vers le Nord. A la suite de cette invasion, plus de 2000 Chypriotes grecs ont disparu sans laisser de traces et l'île a été coupée en deux. Si le mur de Berlin a été démoli depuis une quinzaine d'années, le mur de la honte flanqué de miradors turcs s'élève toujours à Nicosie et le Nord de Chypre reste occupé par la Turquie.

Au cours de ces 30 ans, il y eut de nombreuses atteintes aux droits et libertés des personnes. A plusieurs reprises et, la dernière fois, le 10 mai 2001, la Cour européenne des droits de l'homme a condamné la Turquie pour les multiples violations des droits fondamentaux au Nord de Chypre.

Cette situation ne pouvait plus durer, d'autant plus que, dans l'intervalle, la République de Chypre avait été invitée à devenir membre de l'Union européenne. Les services de M. Kofi Annan, Secrétaire général de l'Onu, ont alors élaboré un plan de compromis pour la réunification de l'île. Soumis à référendum dans les deux parties de l'île en avril 2004, le Plan Annan fut rejeté au Sud par 76 pc des voix, mais accepté au Nord par 65 pc. Cela s'explique en partie parce que la situation démographique du Nord avait profondément changé, car la Turquie avait petit à petit «importé» plus de 120000 Turcs d'Anatolie centrale. Le rejet du Plan Annan par la population de Chypre a étonné l'opinion publique internationale et de nombreux chefs d'Etat. A la fin de 2004, un comité panhellénique a réuni huit professeurs de droit international de sept pays différents pour analyser le Plan Annan. J'ai eu le privilège de faire partie de ce groupe!

Nous avons été stupéfaits des multiples déficiences et même des violations de règles fondamentales du droit international que nous y avons trouvées. A titre d'exemples, je mentionne: l'abolition de la légitime République de Chypre et son remplacement par un nouvel Etat dans lequel la Grèce, la Turquie et le Royaume-Uni, au titre de puissantes garantes, se réservent un droit d'intervention; la démilitarisation et le désarmement permanents du nouvel Etat; la légitimation de tous les actes de la soi-disante république chypriote turque du Nord (un Etat uniquement reconnu par la Turquie). Cette manière de procéder rend évidemment légitime a posteriori l'invasion alors que la Charte des Nations Unies condamne définitivement toute agression et interdit que celle-ci puisse engendrer un droit quelconque. Il y a aussi les sérieuses restrictions des droits civils et politiques sous forme d'atteintes à la liberté de résidence, de violations de l'interdiction de discriminations raciales et des violations du droit de propriété, allant même jusqu'à supprimer tout recours à la Cour européenne des droits de l'homme.

Les règles élémentaires de la souveraineté et de la démocratie sont bafouées par ce Plan qui veut imposer des lois et des règles à un Etat indépendant et qui, de surcroît prévoit une équation arithmétique entre deux communautés notoirement inégales au niveau démographique. Signalons au passage que le statut des bases militaires anglaises (héritage de l'ancienne colonisation de Chypre) en sort renforcé et se voit accorder l'octroi de zones de mer territoriale. Enfin last but not least, de nombreuses institutions du futur Etat, telles notamment la Commission de réconciliation, la Banque centrale et même la Cour suprême, seront coiffées par un organe de contrôle composé d'un nombre égal de chypriotes grecs et turcs et de ressortissants étrangers. Dans le cas où les représentants grecs et turcs de cet organe ne parviendraient pas à s'entendre, les voix des ressortissants étrangers seraient prépondérantes. Quel pays souverain au monde accepterait cette forme de néo-colonialisme qui nous replonge à la fin du XIXe siècle? De nombreuses dispositions du Plan Annan créent une instabilité qui conduirait inévitablement à de nouvelles frictions, voire conflits!

Le rapport objectif des huit professeurs d'université conclut dès lors à l'abandon du Plan Annan qui comporte de telles lacunes qu'il n'est pas susceptible d'améliorations. Un tel plan ne peut d'ailleurs s'expliquer que par certaines options politiques prises en faveur d'Etats qui y trouvent directement ou indirectement un intérêt. De l'avis des experts internationaux, la seule solution démocratique compatible avec l'état actuel du droit et avec le statut de membre de l'Union européenne, est l'instauration d'une Assemblée constitutionnelle pour Chypre. Créée par des négociations entre les deux communautés de l'île, sous les auspices de l'Union européenne, cette Assemblée définirait souverainement le futur statut constitutionnel de Chypre: un Etat fédéral garantissant fermement les droits des minorités. Il appartient aux seuls véritables Chypriotes de déterminer leur futur.

Comme le rapport des professeurs a été rédigé sur l'initiative privée d'un comité panhellénique, il devenait urgent d'en informer les autorités de Chypre. Le jeudi 1er septembre 2005, nous l'avons présenté à Monsieur Papadopoulos, Président de la République de Chypre, qui nous a accordé son aval. Le même jour, nous avons rendu visite aux présidents des différents partis politiques chypriotes et à la plus haute autorité religieuse orthodoxe de l'île. Le soutien de ces personnalités fut pratiquement unanime. Quelques-uns parmi nous ont même franchi la ligne de démarcation et ont rencontré Monsieur Talat, leader des Chypriotes turcs. Ce dernier a pris connaissance de notre rapport avec intérêt et a estimé qu'une solution négociée uniquement entre les deux communautés chypriotes, sans l'intervention d'aucune puissance étrangère, pouvait avoir de sérieuses chances d'aboutir.

Pour que les Chypriotes puissent enfin décider seuls de leur avenir, nous pensons qu'une garantie européenne est indispensable. C'est pourquoi le rapport des professeurs a été présenté au Parlement européen, à Bruxelles, le 12 octobre.

Titre et soustitre de la rédaction

© La Libre Belgique 2005


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Avancée turque dans la zone verte

article du 25 novembre 2005 (sur l'ancien blog http://chypre.blog.lemonde.fr/chypre/)

Article du journal grec Eleftherotypia du 1er novembre 2005 : à Chypre l'armée turque aménage une nouvelle position au sein de la zone verte (zone neutre théoriquement contrôlée par l'ONU et séparant la zone encore contrôlée par la République de Chypre de la zone nord contrôlée par l'armée turque).

Des "policiers" de la République autoproclamée du Nord de Chypre y prendront place.

Le chef de la force de l'ONU à Chypre, le général FIKOLI, s'est déplacé sur place en hélicoptère mais les soldats turcs l'ont empêché de se rendre sur place. Les patrouilles de l'ONU ont été empêchées de progresser dans la zone.

Un événement totalement passé sous silence par les media européens, moins d'un moins après que la République de Chypre ait choisir de na pas mettre son veto aux négociations d'entrée de la Turquie dans l'UE.

Le gouvernement chypriote indique que la préparation de ce coup de force avait commencé deux mois plus tôt et qu'il avait adressé ses protestations à l'ONU.

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Grèce-Turquie-Chypre : espoir année zéro

article du 11 octobre 2005 (sur l'ancien blog http://chypre.blog.lemonde.fr/chypre/)

En Grèce et à Chypre, nombreux sont ceux que ronge le scepticisme sur l'ouverture des négociations d'adhésion à l'UE avec la Turquie; les violations de l'espace aérien grec par une trentaine d'appareils turcs armés équipés d'engins de reconnaissance le 3 octobre 2005, le jour même où la Grèce disait oui à la Turquie, fait pour l'instant mentir les plus optimistes. Elle conforte les plus pessimistes qui pensent que la Turquie voudra une Europe à la carte et qu'elle usera de son nouveau poids politique pour faire triompher ses thèses au lieu de mettre un terme une fois pour toutes aux agissements de ce type (sur Chypre, sur la négation de la souveraineté grecque sur cetaines îles).

Mais les faits sont là : la Grèce et Chypre ont ouvert les bras à la Turquie.

C'est la première fois dans l'histoire qu'un pays en partie occupé (Chypre) accepte dans une organisation internationale dont il fait partie, un pays qui l'occupe en partie et qui ne le reconnaît pas. Papadopoulos, le président d'un peuple composé de 2/5èmes de personnes déplacées par l'invasion turque, a dit OUI à la Turquie.

C'est un fait.

On pourra argumenter autant que l'on veut, le fait est là.

Maintenant, imaginons que la Turquie prenne la mesure de ce qui signifient l'acquis communautaire et les valeurs européennes. En matière de droit de propriété, de liberté de résidence, de démocratie.

Imaginons qu'elle restitue aux réfugiés chypriotes grecs leurs terres au nord de chypre, qu'elle rembarque ses colons (l'UE pourrait financer ce retour, cela lui couterait bien moins cher que d'autres projets technocratiques et l'on pourra ménager les cas particuliers, déjà la République de Cypre accorde la citoyenneté chypriote aux enfants de couples mi-chypriotes turcs mi-anatoliens). Que des troupes européennes soient envoyées pour rassurer tout le monde. Que les citoyens chypriotes, grecs ET turcs aient les mêmes droits que les autres citoyens européens.

Imaginons que la Turquie laisse respirer le Patriarcat de Constantinople, qu'elle cesse ses revendications en mer Egée.

Ne se trouve-t-il pas un dirigeant en Turquie assez courageux pour mener à bien un nettoyage
de ce type?

Comment les Turcs pourront-ils maintenir la même politique vis à vis de la Grèce et de Chypre qui lui ont dit "OUI", qui ont parié sur l'avenir, sur l'espoir, sur l'intelligence du peuple turc?

L'histoire ne commande-t-elle pas de tenir compte de ce OUI historique? Les Turcs se rendent-ils compte que les Grecs leur offrent l'Europe pour la paix?

Désormais, l'heure n'est plus aux sourires et aux poignées de mains.

L'heure, pour la Turquie, est aux actes.

Quand l'heure était aux actes pour la Grèce et Chypre elles étaient là; elles ont dit OUI. Elles avaient le pouvoir de provoquer une crise, de mettre le veto, elles ne l'ont pas fait.

Je suis sur qu'il existe des Turcs pour comprendre le sens, limpide, de ce geste.

J'en suis même sur et certain.

Maintenant, j'attends. J'attends le renvoi de l'ascenseur. S'il vient j'en prendrai acte. S'il ne vient pas cela voudra dire que les Cassandre avaient raison et que la Turquie n'a pas changé.

Je veux croire qu'elle a changé; pour dire son "OUI", la Grèce et Chypre ont fait un gros travail sur elles-mêmes. Elles ont ravalé tout ressentiment.

A la Turquie de montrer qu'elle est aussi capable de remettre en cause ses manuels d'histoire et des décennies de pensée unique.

J'attends et j'espère. Mais l'heure tourne.

Les grand-pères meurent sans avoir pu revivre sur leur terre. Si les pères meurent aussi sans retourner chez eux en propriétaires qu'ils sont, on saura quoi penser de sourires et des poignées de mains.

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Extrait du plan ANNAN

article du 05 octobre 2005 (sur l'ancien blog http://chypre.blog.lemonde.fr/chypre/)

extrait du plan ANNAN refusé par les chypriotes grecs en Avril 2004 (il sagit, avec les dispositions sur la propriété, des dispositions visant à garantir le maintien de l'épuration ethnique : quotas avec limitations de durée, puis sans limitation de durée - dernier paragraphe) :

D. DRAFT ACT OF ADAPTATIONTO THE TERMS OF ACCESSIONOF THE UNITED CYPRUSREPUBLIC TO THE EUROPEANUNION

Article 2 Residence of Cypriot citizens1. Notwithstanding existing provisions of Community law, the application ofrestrictions, on a non-discriminatory basis, on the right of a Cypriotcitizen to reside in a constituent state of which he does not hold theinternal constituent state citizenship status shall not be precluded,

a. in the form of a moratorium, during the first six years following thedate of the entry into force of this Act;

b. if the percentage of such residents of the total population of amunicipality or village has reached 6% between the 6th and 9th yearsand 12% between the 10th and 14th years following the date of entryinto force of this Act; and168c. if the percentage of such residents of the total population of aconstituent state has reached 18 % for a period of up to nineteenyears following the entry into force of this Act or until Turkey joins theEuropean Union, whichever is the earlier.

2. Thereafter, either constituent state may, with a view to protecting itsidentity, take safeguard measures to ensure that no less than two-thirdsof its Cypriot permanent residents speak its official language as theirmother tongue is not substantially altered.

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Citoyenneté chypriote à des enfants de colons turcs et de Chypriotes turcs

article du 29 septembre 2005 (sur l'ancien blog http://chypre.blog.lemonde.fr/chypre/)

Un article paru dans le journal chypriote simerini du 29 septembre 2005 titrait sur une décision du conseil des ministres de la République de Chypre qui venait d’examiner les demandes d’acquisition de la citoyenneté chypriote formulées par des enfants dont un parent avait la citoyenneté chypriote et dont l’autre était un colon turc.

Toutes les demandes n’ont pas encore pu être examinées mais la citoyenneté a déjà été donnée à toutes les personnes dont le cas a pu être étudié.

Il s’agit de majeurs dont un des parents est chypriote turc et dont l’autre est un colon turc de Turquie.

L’intérêt de cette info est de rappeler à ceux qui l’ont oublié que la République de Chypre, présidée par Tassos Papadopoulos, est la République de tous les chypriotes y compris des chypriotes turcs qui vivent au nord, là où la République de Chypre ne peut plus exercer son contrôle en présence de l’armée turque. Là où plus de la moitié de la population est composée de turc de Turquie, l’autre moitié de chypriotes turcs.

Pourtant il n’est pas voir, dans la presse française y compris voire surtout dans le journal LE MONDE, la République de Chypre présentée comme la République des Cypriotes grecs alors que tous les Chypriotes turcs sont reconnus comme citoyens chypriotes.

Une réponse à ceux qui ont oublié que les chypriotes turcs sont des citoyens de la République de Chypre.

Une réponse à ceux qui disent que les Chypriotes sont des nationalistes bornés.

Quant aux Chypriotes grecs, ils n’ont toujours le droit que de visiter le nord de chypre qu’en touristes… Au nord, ils sont des non-citoyens, des visiteurs de seconde zone qu’on empêche de s’installer sur leur terre.

Quand aux colons turcs eux -mêmes, si les israéliens ont pu faire partir les colons de gaza il n'y a aucune raison que les Turcs ne ramènent pas leurs colons en Turquie.

Le budget européen peut aussi y aider.

Leur départ permettrait le retour de la mixité ethnique et la fin de la spoliation dont sont victimes, au nord de Chypre, les Chypriotes grecs privés de leur terre.

Lien vers l’article :
http://www.simerini.com/nqcontent.cfm?a_id=218899
Une note écrite avec la complicité d’un participant à un autre forum

Implication européenne pour Chypre

article du 07 septembre 2005 (sur l'ancien blog http://chypre.blog.lemonde.fr/chypre/)

L'ONU a échoué à trouver une solution à Chypre. Mais là où l'ONU a échoué, une implication européenne ne pourrait-elle pas réussir?

L'Europe a été créée pour éviter les conflits en son sein. Mais elle peine à s'impliquer à Chypre.

Pourquoi ne pas proposer une solution de gestion provisoire du nord directement par l’union européenne avec subventions pour que les colons turcs qui ne sont pas unis maritalement à des chypriotes puissent rentrer en Turquie, avec restitution progressive des propriétés sous l'égide de l'ue, quitte à prévoir des interdictions de résider provisoires ou des locations forcées à long terme au profit des occupants actuels pour assurer une transition (et faire plaisir aux plus méfiants). Mais une solution fondée sur la négation du droit de propriété des citoyens chypriotes auxquels on voudrait faire supporter le rêve de deux zones ethniquement épurées est inacceptable.

La présidence hollandaise de l'union européenne avait rejeté la demande du gouvernement chypriote de l'aider à réouvrir la ville fantôme de Famagouste (qui se trouve à la limite de la ligne de démarcation et dont les habitants grecs ont été chassés en 74).

Prétexte des hollandais : il fallait attendre après décembre que soit prise la décision sur les négociations d'entrée de la Turquie dans l'union européenne.

Une fois de plus on tente de ne pas froisser la Turquie, qui n'est pas encore membre, au détriment de Chypre, pays membre...

La réouverture de Famagouste pourrait permettre par une "politique des petits pas", de faire rentrer des milliers de réfugiés; ce serait un premier pas pour montrer qu'une Chypre européenne peut régler le problème des réfugiés sans les monstruosités du plan annan.

Le plan ANNAN de l'ONU pour Chypre : anachronique et anti européen

article du 07 septembre 2005 (sur l'ancien blog http://chypre.blog.lemonde.fr/chypre/)

On parle un peu du plan de l'ONU rejeté par les électeurs du sud de Chypre (envore contrôlé par la République de Chypre) à l'occasion du débat sur l'entrée de la Turquie dans l'UE.
Mais quand on parle du plan de l’ONU sur Chypre, encore faudrait-il l'avoir lu. Quel journaliste français peut prétendre en avoir une bonne connaissance ? La différence entre les principes affichés en début de plan et son contenu réel est scandaleuse pour tout européen soucieux de respect des droits de l’homme.

- le plan ANNAN ne prévoyait le départ d'aucun colon de Chypre (la majorité des habitants du nord de Chypre ne sont plus des chypriotes turcs mais des colons installés par la Turquie sur les terres des grecs expulsés); seulement des aides pourraient être accordées pour ceux qui voudraient partir (aides financées par les chypriotes);

- des quotas de résidence dignes de l'appartheid étaient prévus par le plan; certains "provisoires", pendant tout de même 19 ans; ainsi un chypriote grec ne pouvait pas s'installer dans une ville du nord si le quota de chypriotes grecs autorisés à habiter dans cette ville était dépassé (alors qu'un chinois ou un australien si); et tant pis s'il est originaire de ce village.

La possibilité de prendre des mesures pour que la population du nord ne soit pas peuplée de plus d'1/3 de chypriotes de langue maternelle grecque était également prévue dans le projet d'acte d'accession de Chypre à l'UE prévu dans le plan ANNAN - tant pis pour la liberté de résidence et de circulation au sein de l'UE.

- la plan ANNAN ne respectait pas le droit de propriété des personnes spoliées (80% des terres du nord de Chypre appartiennent à des chypriotes grecs que la Turquie spolie en "donnant" leur terre principalement à des colons de Turquie ce qui a été retenu par la cour européenne des droits de l'homme dans un arrêt Chypre/ Turquie); seuls les réfugiés de la région de Morphou et de Famagouste récupéraient totalement leur terre au bout de quelques années selon le plan; pour les autres, des bons d'indemnisation étaient prévus, basés seulement sur la valeur actuelle des terres et des bons garantis par rien payable plusieurs années après, principalement financés par les chypriotes eux-mêmes ( on leur accordait de s'auto indemniser des conséquences de l'invasion de la Turquie) ; et qui de toute façon ne compenseront jamais la perte de jouissance depuis 30 ans ce que seule la restitution complète peut faire; alors que la cour européenne des droits de l'homme a déjà condamné la Turquie à verser à des réfugiés un indemnisations pour les 30 ans de privation de leurs biens tout en reconnaissant que les biens devaient être restitués; c'est donc un recul; les chypriotes grecs croyaient qu'en choisissant la voie du droit et des négociations une solution serait forcément en accord avec les décisions de la cour européenne des droits de l'homme et avec la logique de l'union européenne; or tel n'était pas le cas; en out état de cause ces pseudo indemnisations cautionnent l'épuration ethnique , le but est que le nord reste très majoritairement peuplé de turcs alors que tel ne fut jamais le cas avant l'invasion et l’épuration ethnique.

- Chypre devenait avec le plan une confédération avec un gouvernement central faible; des systèmes d'alternance imposant un président chypriote grec et un résident chypriote turc à tour de rôle était prévu (même s'il y a 95000 chypriotes turcs hors colons et 600.000 chypriotes grecs); il y avait des systèmes de double majorité pour que la plupart des décisions importantes soient adoptées à la fois par les représentants du "nord" turquifié et du sud.
Autrement dit, risque de blocage; d'où création par le plan d'une cour de juges composée à un tiers obligatoirement de juges étrangers (non chypriotes) censés arbitrer les 2 communautés
ainsi Chypre deviendrait un état où la décision politique finale serait prise par des juges citoyens étrangers;

- en outre la Turquie la grèce et le royaume uni restaient états "garants", c'est cette possibilité d'intervention que la Turquie a interprété militairement en 1974 pour justifier l'invasion qui a conduit à l'épuration ethnique.

Il y avait une série d'autres mesures inacceptables; par exemple parmi les textes annexés au plan (9.000 pages quasiment inaccessibles) un texte prévoyait la possibilité pour la Turquie d'intervenir dans la protection de l'espace aérien chypriote.

Pour ma part je considère que ce plan continue à perpétuer la plaie qui pourrit Chypre depuis 40 ans : on continue à étiqueter les citoyens chypriote et à leur accorder des droits différents selon leur origine ethnique.

Mais surtout, il met de côté le fait que depuis maintenant presque 2 ans les chypriotes grecs et chypriotes turcs se rencontrent énormément (ouverture de la "ligne verte" ), que des dizaines de milliers de chypriotes turcs travaillent au sud, que Chypre est dans l'ue et que les mentalités ont changé : les chypriotes ovulaient rentrer dans l'UE pour être des citoyens comme les autres avec les mêmes droits, pas pour être soumis à ce type de régime.